Secteur Paroissial de MANOSQUE

Le pape émérite Benoit XVI était un homme aux qualités humaines, intellectuelles et spirituelles exceptionnelles ; ayant participé lui-même au concile Vatican II il a travaillé toute sa vie à sa diffusion et à sa juste interprétation. Il avait le souci de l’unité de l’Église et a initié la lutte contre les abus. Mais parce qu’il n’était pas l’homme des grandes communications médiatiques, il a été méconnu, voire caricaturé par beaucoup de médias, et plusieurs réactions, au moment de son décès, manifestent la faible connaissance que certaines personnes avaient de cet homme dont la bonté transparaissait dans tout ce qu’il faisait. Pour bien le comprendre il fallait renoncer à toute analyse binaire et simpliste.

Parmi les combats qu’il a menés, il y a celui contre le relativisme et la tiédeur, comme il le disait dès 1968 :

« Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Église viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas de ceux qui s’accommodent sans réfléchir du temps qui passe, ou de ceux qui ne font que critiquer en partant du principe qu’eux-mêmes sont des jalons infaillibles. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices. »

En même temps il a été très en avance sur son temps en particulier lorsqu’il disait dans la même intervention radiophonique :

« De la crise actuelle émergera l’Église de demain – une Église qui aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. Elle ne sera plus à même de remplir tous les édifices construits pendant sa période prospère. Le nombre de fidèles se réduisant, elle perdra nombre de ses privilèges. Contrairement à une période antérieure, l’Église sera véritablement perçue comme une société de personnes volontaires, que l’on intègre librement et par choix. En tant que petite société, elle sera amenée à faire beaucoup plus souvent appel à l’initiative de ses membres. »

 Il nous avait même donné, à l’époque la solution, la seule qui soit respectueuse des autres et profondément enracinée dans la foi :

« Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin : une Église, non du culte politique car celle-ci est déjà morte, mais une Église de la foi. Il est fort possible qu’elle n’ait plus le pouvoir dominant qu’elle avait jusqu’à maintenant, mais elle va vivre un renouveau et redevenir la maison des hommes, où ils trouveront la vie et l’espoir en la vie éternelle. »

Cet homme, humble, doux, visionnaire et attentif aux personnes aura été un grand pape, un réformateur aussi, un vrai, de ceux qui s’appliquent à eux-mêmes ce qu’ils demandent aux autres.

Merci à ce bon pape, à ce grand enseignant, merci Seigneur pour tout ce qu’il a donné à l’Église. Confions-le à la miséricorde de Dieu.

+Emmanuel Gobilliard

Évêque de Digne, Riez et Sisteron